La condamnation d’Hissène Habré, une victoire pour le Tchad et l’Afrique entière
Jacqueline Moudeina, avocate pour les droits de l’Homme et Lauréate du Prix Right Livelihood en 2011, peut se réjouir: après plus de vingt ans passés aux côtés des victimes du régime de l’ancien dictateur Hissène Habré, la justice a finalement frappé à la porte du Tchad.
Le verdict du lundi 30 mai a reconnu les atrocités commises et ordonnées par le ‘Pinochet d’Afrique’ : des viols, des exécutions, de l’esclavage, des enlèvements, des actes de torture. La condamnation à laquelle le ‘procès africain du siècle’ a abouti prévoit une peine de détention à perpétuité pour Habré – âgé de 73 ans – reconnu coupable de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre.
Au micro de Radio France Internationale, Jacqueline Moudeina raconte : « Que du bonheur. J’ai consacré le plus clair de mon temps à ce travail là, à ce dossier. Et aujourd’hui, je ne pouvais pas demander mieux que la perpétuité pour Hissène Habré. Je pense que c’est une victoire pour l’Afrique. Parce que là, l’Afrique vient de juger l’Afrique ! »
Le régime de Habré a duré de 1982 à 1990, date à laquelle il fut évincé de son poste après un coup d’Etat. Le Sénégal est le pays qu’il a choisi pour son exile et c’est à Dakar que, de juillet 2015 jusqu’à février dernier, lesChambres africaines extraordinaires ont vu 93 témoins à charge défiler à la barre. Arrêté en 2013, Hissène Habré est maintenant le premier ancien chef d’Etat a être « condamné pour crimes contre l’humanité, crimes de guerre et torture, dans un autre pays que le sien », comme souligne Africaguinée, mais aussi le premier d’entre eux à être condamné pour avoir personnellement violé quelqu’un, la Cour ayant validé le délit d’esclavage sexuel parmi ses chefs d’inculpation.