Les Prix Right Livelihood 2017 honorent des champions de la justice et des créateurs de changement
Press releases 20.09.2017
Stockholm, le 26 septembre 2017
Les lauréats du Prix Right Livelihood 2017, désormais largement connu comme « le Prix Nobel Alternatif », ont été annoncés aujourd’hui à Stockholm, en Suède:
Cette année, le Prix honorifique Right Livelihood revient à Robert Bilott (USA) « pour avoir exposé plusieurs décennies de pollution chimique, obtenu justice pour les victimes et établi un antécédent pour une réglementation efficace des substances dangereuses ».
Bilott a déclaré: « J’espère que cette distinction contribuera à la sensibilisation et à la reconnaissance du besoin urgent d’instaurer des règlementations supplémentaires pour protéger notre eau potable, à renforcer la voix et le pouvoir des résidents ainsi que des communautés locales afin d’assurer la mise en place de telles mesures ».
La récompense financière de 3 millions de couronnes suédoises (environ 315’000 euros) est partagée équitablement entre les trois lauréats:
Colin Gonsalves (Inde) est honoré par le Jury « pour son utilisation inlassable et innovante des litiges d’intérêt public qui ont permis de garantir les droits fondamentaux des citoyens les plus marginalisés et vulnérables de l’Inde depuis plus de trois décennies ».
Gonsalves a reconnu être « à la fois touché et honoré par le Prix. Il arrive à un moment où l’Inde traverse une période sombre et les militants des droits humains sont assiégés. La plateforme fournie par la Fondation nous aidera à renforcer la résistance démocratique durant cette phase critique ».
Khadija Ismayilova (Azerbaïdjan) reçoit le Prix « pour son courage et sa ténacité à exposer la corruption au plus haut niveau gouvernemental par le biais d’un journalisme d’investigation exceptionnel au nom de la transparence et de la responsabilité ». Pour la première fois, le Prix Right Livelihood revient à un lauréat d’origine azerbaïdjanaise.
Ismayilova a déclaré: « C’est un honneur d’être choisie pour un Prix aussi prestigieux. Je suis heureuse d’accepter ce Prix au nom des journalistes et défenseurs des droits de l’Homme azerbaïdjanais qui continuent de travailler malgré des conditions difficiles ».
Yetnebersh Nigussie (Ethiopie) est reconnue par le Jury « pour son travail inspirant qui promeut les droits et l’inclusion des personnes en situation de handicap, leur permettant ainsi d’optimiser leur potentiel et de faire évoluer les mentalités dans nos sociétés ».
Nigussie a expliqué qu’il s’agissait « d’un grand honneur de recevoir le prestigieux Prix Right Livelihood. Cette reconnaissance offre un message de bienvenue à la communauté des personnes en situation de handicap ainsi qu’à leur mission d’assurer une parfaite inclusion et participation des individus en situation de handicap dans toutes les sphères de la vie ».
L’annonce a été faite au Centre de presse internationale de l’Office suédois des affaires étrangères par Ole von Uexkull, Directeur exécutif de la Fondation Right Livelihood Award, et Maina Kiai, membre du Jury et ancien Rapporteur spécial des Nations Unies sur le droit de réunion pacifique et d’association. Le Jury international a sélectionné quatre lauréats parmi 102 nominations provenant de 51 pays.
Ole von Uexkull a déclaré: « Les lauréats de cette année protègent les droits et la vie des citoyens sur trois continents. A travers leur travail courageux en matière de droits humains, de santé publique et de bonne gouvernance, ils abordent les défis les plus urgents du monde à leur source. A un moment de revers démocratiques alarmants, leur succès nous montre la voie vers un monde juste, pacifique et durable ».
Fondé en 1980, le Prix Right Livelihood honore et soutient les personnes et associations ayant fait preuve de courage et d’audace en proposant des solutions pratiques et exemplaires aux défis les plus urgents de notre monde. A l’heure actuelle, la Fondation compte 170 lauréats provenant de 69 pays.
Contact:
Pour toute information supplémentaire ou pour fixer des entretiens avec les lauréats, merci de contacter Johannes Mosskin, Directeur de la communication, téléphone mobile: +46 (0)70 43 71 148, e-mail: johannes@rightlivelihood.org
Des détails supplémentaires concernant les lauréats ainsi que des photos et des vidéos en haute résolution sont disponibles sur le site: http://www.rightlivelihoodaward.org/2017
Les lauréats:
Robert Bilott
Robert Bilott est l’un des meilleurs avocats environnementaux au monde. Grâce à une combinaison de litiges innovants, des connaissances scientifiques et une persévérance extraordinaire, il a réalisé l’une des victoires les plus significatives du siècle pour le droit environnemental et la responsabilité des entreprises.
A travers une bataille juridique de 19 ans, il a représenté 70’000 citoyens dont l’eau potable avait été contaminée par l’acide perfluorooctanoïque (APFO) par le géant chimique DuPont. S’appuyant sur des procédures de recours collectifs, il a mis en place une étude toxicologique de sept ans pour les 70’000 victimes, ce qui a considérablement contribué à la compréhension scientifique des risques sanitaires mondiaux associés aux substances polyfluoroalkyliques (PFAS). Cette classe de substance, qui ne se décompose pas dans l’environnement ou le corps humain, est omniprésente dans nos sociétés actuelles.
A une période où la réglementation environnementale est gravement menacée aux États- Unis et ailleurs, Bilott a réussi à remporter une indemnisation pour ses clients et continue à revendiquer une meilleure réglementation des substances toxiques.
Ole von Uexkull a déclaré: « Le scandale environnemental que Robert Bilott a dévoilé n’est que la pointe de l’iceberg de la pollution globale causée par les fluorocarbures. Grâce à son travail obstiné, le monde sait à présent que cette classe de produits chimiques représente une grave menace pour la santé publique à travers le monde et nécessite une réglementation urgente ».
Colin Gonsalves
Colin Gonsalves est l’un des avocats des droits de l’Homme les plus accomplis de sa génération. Il est avocat principal à la Cour suprême indienne et fondateur du Human Rights Law Network (HRLN), un réseau national indien d’avocats défendant les causes d’intérêt public.
Durant plus de trois décennies, les avocats de l’HRLN ont ouvert des procès d’intérêt public afin que le gouvernement rende compte de ses actes et assure un large éventail de droits humains. Les clients de Gonsalves incluent les personnes les plus vulnérables de l’Inde telles que les travailleurs forcés, les minorités ethniques et religieuses, les réfugiés, les habitants des bidonvilles, les femmes marginalisées et les pauvres.
Les victoires les plus marquantes de Gonsalves comprennent l’affaire « Right to Food » de 2001 qui a poussé la Cour suprême indienne à émettre des ordres de grande envergure en imposant un repas de midi gratuit à tous les écoliers ainsi qu’en subventionnant des céréales à plus de 400 millions d’Indiens vivant en dessous du seuil de pauvreté.
En 2016 et 2017, Gonsalves a obtenu des jugements décisifs de la Cour suprême qui ont mis fin à de nombreuses années d’immunité pénale exemptant les Forces armées indiennes de toute poursuite. Ces décisions ont déjà engendré un impact significatif en réduisant le nombre d’exécutions extrajudiciaires dans le nord-est de l’Inde.
Ole von Uexkull a déclaré: « Colin Gonsalves a construit un réseau d’avocats en Inde qui aide les personnes les plus défavorisées à accéder à leurs droits. A travers la célèbre affaire « Right to Food » à la Cour suprême indienne, il a fourni une meilleure alimentation à 400 millions de personnes. A une période où l’Inde, comme beaucoup de pays, devient de plus en plus autoritaire, Colin et son réseau d’avocats jouent un rôle crucial dans la défense de la démocratie indienne ».
Khadija Ismayilova
Khadija Ismayilova est la plus prestigieuse journaliste d’investigation contemporaine d’Azerbaïdjan. Au cours de la dernière décennie, ses enquêtes ont révélé un grand nombre de transactions commerciales corrompues impliquant les membres de la famille du président Aliyev ainsi que des entreprises multinationales telles que TeliaSonera. Ses rapports ont fourni des preuves irréfutables de haute corruption au niveau du gouvernement azerbaïdjanais. Ses articles ont concrètement révélé la manière dont la richesse de la nation a été pillée, déplacée à l’étranger et utilisée pour influencer des politiciens européens.
En publiant des articles sur la corruption gouvernementale, Ismayilova a été confrontée à des campagnes de diffamation, du harcèlement et de fausses accusations criminelles. En dépit d’un an et demi d’emprisonnement, Ismayilova refuse de se taire et continue à écrire sur la violation des droits humains en Azerbaïdjan. Elle a constamment soulevé la problématique des prisonniers politiques dans le pays et a fourni un soutien moral et matériel à leur famille.
Alors que le gouvernement continue à intimider les journalistes et à les placer en prison à une fréquence alarmante, Ismayilova continue à écrire courageusement et à revendiquer une plus grande responsabilité ainsi qu’une meilleure administration gouvernementale en Azerbaïdjan.
Ole von Uexkull a déclaré: « Khadija Ismayilova est l’une des journalistes d’investigation les plus courageuses et talentueuses de sa génération. Malgré l’emprisonnement, les menaces et les campagnes diffamatoires, elle n’a pas renoncé à enquêter sur le gouvernement autoritaire azerbaïdjanais et l’élite dirigeante. Grâce à son travail dévoué, nous savons maintenant à quel point les politiciens européens et les entreprises commerciales sont impliqués dans la corruption azerbaïdjanaise ».
Yetnebersh Nigussie
Yetnebersh Nigussie est une activiste éthiopienne qui s’est orientée vers les droits de l’Homme suite à la discrimination qu’elle a vécue en tant que jeune femme aveugle, venant d’un pays « en développement ». Elle lutte courageusement pour les droits des femmes et des filles, une éducation inclusive ainsi qu’une société civile dynamique. Nigussie est une ardente avocate des droits garantis par la Convention des Nations Unis relative aux droits des personnes handicapées (CRPD).
Grâce à ses efforts inlassables, elle a fait évoluer les perceptions sur le handicap dans sa propre société et à l’étranger par un message percutant: « Concentrez-vous sur la personne et non sur le handicap. Nous avons un seul handicap mais pouvons tirer parti de 99 autres aptitudes ».
Actuellement conseillère principale pour l’ONG internationale Light for the World dédiée au handicap et au développement, Nigussie lutte pour l’inclusion des 15%, soit 1 milliard de la population mondiale vivant avec une forme d’incapacité. Elle s’efforce de créer des conditions inclusives pour les générations futures en liant des réalités nationales aux cadres internationaux.
Ole von Uexkull a déclaré: « Yetnebersh Nigussie est une étincelle d’espoir pour un milliard de personnes souffrant de handicap mais également pour nous tous. Grâce à son histoire personnelle et à son travail politique en tant qu’activiste, elle contribue considérablement à un changement social positif, fondé sur les droits des personnes et leurs capacités. A travers Yetnebersh Nigussie, nous honorons une femme courageuse qui montre l’énorme potentiel des sociétés inclusives ».
A propos du Prix:
Le Prix Right Livelihood n’est pas un prix pour les élites politiques, scientifiques ou économiques, mais une récompense pour des personnes, leur travail et les luttes qu’elles mènent pour un avenir meilleur. Le Prix Right Livelihood accepte tous les dossiers par le biais d’un processus de candidatures ouvert.
Le nom du prix vient du concept bouddhiste de « Right Livelihood ». Il incarne le principe selon lequel chacun devrait vivre d’une façon éthique qui respecte entièrement les autres et le monde naturel.
En plus de la remise des prix annuelle, la Fondation Right Livelihood Award soutient activement les projets de ses lauréats, notamment en protégeant ceux qui sont menacés à cause de leur engagement.
Parmi les anciens lauréats, on compte notamment les Américains Edward Snowden et Daniel Ellsberg, reconnus pour leurs révélations courageuses, le journaliste britannique Alan Rusbridger, le journal Cumhuriyet (Turquie), l’écologiste Vandana Shiva (Inde), les militants des droits humains Bianca Jagger (Nicaragua), Jacqueline Moudeina (Tchad), le Dr Denis Mukwege (RDC) et Martín Almada (Paraguay), ainsi que l’auteure suédoise de livres pour enfants Astrid Lindgren.